Des petites douleurs qui deviennent insupportables dans le travail ? Et si c'était un T.M.S ?

Les T.M.S recouvrent un grand nombre de pathologies et de lésions, touchant les tissus mous des membres supérieurs et inférieurs (épaule ; coude ; poignet ; genou) ainsi que le dos (rachis lombaire) au niveau des articulations. 
 
Ces troubles sont aussi appelés affections périarticulaires d’hyper sollicitation du fait qu’ils sont souvent liés à des mouvements contraignants, répétitifs et/ou forcés dans le travail, mais aussi des facteurs d’ambiance (froid ; vibrations ; tensions psychosociales).
 
Douloureux, les T.M.S se traduisent par une gène dans les mouvements, une perte de dextérité, une incapacité à effectuer certains gestes ou à adopter certaines postures, susceptible d’évoluer en un handicap sérieux, une invalidité physique et la perte de l’emploi.

1. Cou: cervicalgie

2.  Epaule: tendinite de la coiffe des rotateurs, tendinite ténosynovite.

3.Coude:épicondylite, épitrochléite;hygroma des bourses séreuses;syndrome de la gouttière épitrochlélo-olécrânienne.

4.Dos:dorsalgie, lombalgie.

5. Poignet:syndrome du canal carpien,syndrome de la loge de Guyon,tendinite ténosynovite.

6.Genou: syndrome de compression du nerf sciatique poplité externe, hygroma des bourses séreuses,tendinite rotulienne,tendinite de la patte d’oie.

Témoignages:

1. Établissement de personnes âgées : Mme LG, agent social (lingerie)

   "C'est plusieurs années après l'apparition des douleurs que j'ai consulté mon médecin.
   C'est au cours de l'expertise médicale que le lien entre l'affection du canal carpien des deux mains et les conditions de travail a été établi.
   Je ressentais des douleurs intenses par épisodes, des fourmillements à tout moment même la nuit.
   Au quotidien, mes gestes étaient moins précis, je manquais de force pour correctement tenir les choses (il m'est arrivé de lâcher des objets soudainement).
   Moralement, on se pose beaucoup de questions : les médecins vous parlent d'opération chirurgicale, d'invalidité, d'inaptitude à travailler. On manque d'informations pour bien comprendre de quoi il s'agit.
   Je pense que les troubles musculo-squelettiques sont sous estimés et méconnus."

2. École publique : Mme LB, agent territoriale spécialisée des écoles maternelles

   "En tant qu'A.T.S.E.M, ma fonction est d'assister l'enseignante au quotidien, après de jeunes enfants scolarisés en classes maternelles.
   La relation à l'enfant implique une attention, une proximité. Mais les enfants mesurent moins de 1 mètre, ce qui impose de se baisser, de s'accroupir, d'adopter des postures agenouillées afin de les écouter, de leur parler, d'habiller et de déshabiller les enfants, mais aussi les consoler ou les soigner.
   Sans compter qu'il faut effectuer les tâches de ménages (ramasser et ranger les jeux, les lits, nettoyer les tables …).
   Aujourd'hui, je souffre des genoux. Ma pathologie a été reconnue d'origine professionnelle car le lien avec mon travail a été établi par le chirurgien qui m'a opéré (il avait eu à connaître d'autres cas d'agents A.T.S.E.M).
   J'aime mon métier, mais je ne veux pas perdre ma santé. Accompagner par le médecin du travail, je bénéficie d'un aménagement de poste et cela a nécessité une réorganisation des emplois du temps des autres A.T.S.E.M : mon temps de travail a été réduit, je suis déchargé du temps de la sieste et je ne travaille plus qu'avec les enfants de grande section."

3. Centre communal d'action sociale de LE BONO : Mme Le Ménac'h, Présidente

   "Le C.C.A.S, en tant qu'employeur, se doit de se préoccuper de la santé de ces agents. Lorsque la maladie survient, elle nous rappelle à nos obligations.
   Compte tenu des particularités du travail au domicile des personnes âgées, nous ne disposons pas de tous les moyens pour agir sur les conditions de travail.
   Alors la moindre des choses, lorsque la commission de réforme établie le lien entre la maladie et le service, est de prendre nos responsabilités et de soutenir l'agent dans le déroulement des démarches, qui sont longues et complexes.
   Cette situation nous a permis de réfléchir sur les contraintes de certaines tâches et de rechercher des solutions, partant du constat que nous ne pouvons pas agir sur l'environnement de travail puisqu'il s'agit d'un domicile privé : la formation des agents au port des charges, la formation à la gestion du stress …"

4. Service d’aide à domicile : Mme LT, aide ménagère

   "Au début, je ne faisais pas attention à la gêne lors de l'exécution de certaines tâches : le portage des repas, l'entretien ménager puis les douleurs vives sont apparues, révélées par certains gestes comme l'épluchage des légumes.
   Comme les douleurs persistaient, j'ai consulté mon médecin. Il avait connaissance des maladies professionnelles et le diagnostic était clair : épicondylite due à des gestes répétés.
   La collectivité m'a soutenue et elle a persévéré dans la procédure de déclaration car entre les différents régimes de protection sociale, c'est très difficile de s'y retrouver.
   Aujourd'hui, à quelques mois de la retraite, je me dis que l'on ne fait pas assez attention suffisamment tôt."

5. Établissement de personnes âgées dépendantes : Mme Lévenez, directrice EHPAD

   "Avoir un agent souffrant, absent impose de repenser l'organisation du travail et le fonctionnement des équipes, surtout dans un EHPAD où nous devons nous occuper des services aux personnes âgées 24 heures sur 24, tous les jours de l'année.
   Bien entendu, on se soucie de la santé de l'agent. J'y consacre du temps. Il me faut également veiller à son remplacement.
   Les collègues ne peuvent pas pallier à des absences souvent longues dans le cas d'une maladie professionnelle. Je dois donc rechercher une personne compétente en renfort.
   Enfin, d'un point de vue plus administratif, les dossiers de maladie sont complexes : consultations médicales, expertises, avis divers se succèdent pour me permettre de respecter les procédures et de prendre la bonne décision, le bon arrêté. Ces dossiers nécessitent un traitement rigoureux."

6. CDG du Morbihan : Dr Bernard Morat, médecin de prévention coordonnateur

"Au fil des ans, les TMS ont été à l'origine de demandes de consultations et de déclarations de MP de plus en plus fréquentes. Ces pathologies, parfois réversibles comme les tendinites, ténosynovites ... peuvent aboutir à des lésions définitives. Elles se traduisent toujours par des symptômes douloureux pour l'agent et une capacité fortement réduite, le plus souvent temporaire mais quelquefois permanentes. Les origines sont multifactorielles : biomécaniques (gestes répétés, efforts excessifs, positions articulaires extrêmes), individuelles (âge, antécédents, maladies) mais aussi psychosociales (stress lié à des problèmes d'organisation du travail, conflits ...). S'il y a quelques années, les TMS se manifestaient dans certains secteurs comme le services techniques, ils touchent aujourd'hui toutes les activités, avec une augmentation croissante au niveau de certains postes de travail sur écran par exemple. Compte tenu du vieillissement de la population active, du recul de l'âge de la retraite, il est vraisemblable que les TMS et leurs conséquences humaines, économiques et sociales vont continuer à augmenter dans les années à venir. Plus que jamais, il est important que la prévention de ces troubles s'inscrive comme une priorité lors de l'élaboration, service par service, du document unique d'évaluation des risques. Des mesures ponctuelles ou globales peuvent être proposées comme l'amélioration de l'ergonomie des postes de travail, de l'organisation du travail, des formations ... Les TMS ne sont pas une fatalité : il y a urgence à en prendre conscience et à se donner les moyens d'agir."

Les TMS peuvent être reconnus d’origine professionnelle, notamment en référence aux tableaux « maladies » annexés au Code de la Sécurité sociale : 

• Tableau n° 57 « affections périarticulaires provoquées par certains gestes et postures de travail ».
• Tableau n° 69 « affections provoquées par les vibrations et chocs transmis par certaines machines-outils, outils et objet et par les chocs itératifs du talon de la main sur des éléments fixes ».
• Tableau n° 79 « lésions chroniques du ménisque ».
• Tableau n° 97 « affections chroniques du rachis lombaire provoquées par des vibrations de basses et moyennes fréquences transmises au corps entier ».
• Tableau n° 98 « affections chroniques du rachis lombaire provoquées par la manutention manuelle de charges lourdes ».